Fidèle à lui-même

Philippe Laguë

Le TJ est l’incarnation même du tout-terrain, le plus Jeep des Jeep. Véritable mythe au sein de la production automobile américaine, au même titre que la Corvette ou la Mustang, il a, comme celles-ci, acquis le statut de légende vivante, et ce, sans jamais s’écarter de sa vocation originelle. Avec tout ce que cela implique…

Carrosserie

Ce fier descendant du Willys MB, qui entra en service au sein de l’armée américaine en 1941, a toujours affiché une forte ressemblance avec son ancêtre. Tel que nous le connaissons, le TJ a vu le jour en 1997 et il est demeuré inchangé depuis. Une nouvelle configuration vient cependant s’ajouter en 2005: la version Unlimited à empattement long. L’habitabilité en bénéficiera grandement, tout comme l’espace pour les bagages.

Habitacle

Il n’y a pas si longtemps, celui ou celle qui s’installait au volant d’un Jeep faisait face à une planche de bord en métal, garnie d’une instrumentation limitée au strict minimum. Cette époque est bel et bien révolue ; en lieu et place, on trouve plutôt un tableau de bord complet, aussi fonctionnel qu’agréable à l’oeil. L’ergonomie et la finition ont également connu leur part d’améliorations. Heureusement, par ailleurs, qu’il y a des espaces de rangement, car le coffre à gants est minuscule et la soute à bagages vous forcera à voyager léger. Très, très léger… Les sièges avant s’avèrent aussi confortables que la banquette arrière est inconfortable ; de plus, le dégagement pour les jambes à l’arrière est restreint au maximum, pour ne pas dire inexistant. Et ne parlons pas de l’insonorisation, un concept abstrait à bord du TJ.

Mécanique

L’une des forces du TJ est son six cylindres en ligne de 4,0 litres. Offert de série dans la version de base, le quatre cylindres de 2,4 litres a le souffle trop court pour ce genre de véhicule. Le six cylindres, lui, ne craint pas le dur labeur. Il a du couple, de la puissance et de la robustesse. Les deux boîtes de vitesses respirent elles aussi la solidité. Précise et bien étagée, la boîte manuelle représente un excellent choix, tandis que la boîte automatique à quatre rapports se place à l’abri des critiques. Les aficionados du toutterrain apprécient par ailleurs au plus haut point la présence d’un bon vieux levier permettant de passer de deux à quatre roues motrices.

Comportement

Pour s’aventurer hors des sentiers battus, on ne fait pas mieux; mais pour suivre la mode en se pavanant au volant d’un véhicule utilitaire, il existe des modèles, disons, plus civilisés… Dans un premier temps, il faut s’acclimater à une tenue de cap pour le moins aléatoire, causée en partie par un empattement très court. Celui-ci pénalise également le confort, et pas qu’un peu. Le TJ est hypersensible aux vents latéraux : il faut donc corriger constamment à l’aide du volant, ce qui permet de constater une trop grande démultiplication de la direction. Son court diamètre de braquage facilite cependant les manoeuvres sur route comme hors route. La robustesse de la suspension ne fait pas de doute, mais la dureté des amortisseurs se fait ressentir à chaque inégalité du revêtement. Et dans les virages, il faut y aller mollo, car la tenue de route du TJ se révèle pour le moins délicate. Voilà, vous ne pourrez pas dire qu’on ne vous a pas prévenu.

Conclusion

Le TJ est un utilitaire au sens le plus pur du terme. Vu sous cet angle, il mérite considération, car c’est le plus doué et le plus résistant du lot. Si vous vous procurez cet objet de culte pour les mauvaises raisons, il risque fort d’enrichir votre vocabulaire liturgique. Sinon, ce sont les nombreux bris mécaniques qui viendront à bout de votre patience. Encore une fois, on vous aura prévenu…

Forces

•Véhicule intemporel •Six cylindres vaillant et fort •Faible diamètre de braquage •Véritable 4X4 •Capacités hors route

Faiblesses

•Places arrière décoratives •Confort minimal •Compartiment à bagages minuscule •Tenue de route et tenue de cap aléatoires • Fiabilité très moyenne…

Nouveautés en 2005

• Version Unlimited

2e opinion Luc Gagné

• Pour gravir une montagne, franchir à gué un cours d’eau, enjamber des roches grosses comme c’est pas possible, bref pour faire du « vrai » 4X4, il faut un Jeep TJ – chaussé de Goodyear Wrangler MT/R. Son habitacle offre un confort relatif et sa suspension permet de mesurer avec précision la profondeur de chaque nid-de-poule. Et c’est pour cela que l’acheteur sérieux le choisit : pour sentir par le fond de culotte la nature du terrain où il s’aventure. Évidemment, lorsque l’aventure est urbaine, le plaisir s’amoindrit. Sans toit rigide, la radio devient inaudible sur l’autoroute. De plus, les places arrière s’avèrent symboliques. Mais tout cela, on s’y fait lorsqu’on a vraiment besoin de s’enfoncer dans la nature. La version longue Unlimited constituera l’alternative souhaitée pour ceux qui doivent se déplacer en groupe.