Coûteuse réputation

Daniel Rufiange

En voilà un qui n’a pas besoin de grandes opérations charme pour trouver preneur. Le CR-V est de loin l’une des grandes vedettes de Honda, et ce, depuis que la firme nippone a eu la bonne idée de l’introduire en 1997. Et, plus que jamais, avec l’incertitude qui plane sur les prix du carburant, ce genre de petit utilitaire continuera d’exercer un attrait chez les consommateurs. Toutefois, permettez-moi une petite gêne. La concurrence offre des alternatives au CR-V, alternatives susceptibles de vous faire économiser quelques milliers de dollars. Sans rien lui enlever, il navigue sur une réputation, justifiée mais surfaite, qui lui permet d’exiger beaucoup trop de billets verts pour son acquisition !

Carrosserie

La refonte de 2007 a ajouté quelques traits de caractère au CR-V. Cependant, je trouve ses lignes un peu quelconques. Pour passer inaperçu, rien de mieux. Ce qui plaît, par contre, ce sont ses dimensions; pas trop grosses, ni trop petites. De fait, c’est exactement ce qu’on souhaite d’un utilitaire… compact ! Trois configurations sont offertes soit les LX, EX et EX-L. Pour les deux premières, le consommateur a le choix de deux versions : à traction ou intégrale. L’EX-L s’accompagne automatiquement d’une motricité aux quatre roues. 

Habitacle

S’il y a un domaine où l’on ne peut rien reprocher à Honda, c’est dans la confection de ses habitacles. Le CR-V répond en tous points aux standards du fabricant. Tant la qualité des matériaux que la minutie apportée à leur assemblage sont à souligner. Une présentation visuelle plus joyeuse serait à considérer toutefois, l’actuelle frisant l’ennui.

En prenant place à bord, on se trouve rapidement une excellente position de conduire, merci aux nombreux réglages des sièges qui nous permettent d’atteindre le niveau de confort recherché. À l’arrière, l’espace demeure adéquat, et le confort de la banquette, correct. Les 2064 litres d’espace de chargement qui apparaissent lors du rabat des sièges arrière ajoutent l’utile à l’agréable quand vient le temps de trimballer quelques babioles.

Un bémol pour la visibilité aux trois quarts arrière, sérieusement handicapée par la forme arrondie de la lunette latérale; certains changements de voie demandent une dose d’improvisation. Enfin, une tape sur les doigts pour l’insonorisation, carrément déficiente. Quand on paie plus de 35 000 $ pour un véhicule, on veut s’entendre parler à l’intérieur sans avoir à lever le ton.

Mécanique

Les choses demeurent très simples ici alors que le sempiternel même engin trouve sa niche à l’intérieur du CR-V, soit le 4-cylindres de 2,4 litres qui offre 166 chevaux à son opérateur. Si certains reprochent l’absence d’un V6 – que Toyota offre sur le rival RAV4 – la puissance demeure très suffisante pour l’utilisation qu’on fait de ce véhicule. Après tout, qui a besoin de 250 chevaux pour mouvoir un véhicule qui n’est pas conçu pour rouler à tombeau ouvert ? Par contre, si vous avez besoin de tirer une roulotte…

Comportement

Le CR-V offre un comportement routier neutre. Accélérations respectables, freinage efficace, tenue de route précise, bref, rien de déplaisant. En contrepartie, rien de très passionnant non plus. Amateurs de sensations fortes, abstenez-vous ! Par contre, si la quiétude au volant est plus votre affaire, vous serez à l’aise au volant du CR-V. Toutefois, un Nissan Rogue ou un Hyundai Tucson effectueront le même boulot à moindre prix. Et c’est là que le bât blesse en ce qui concerne le CR-V; on paie cher sa fiabilité et sa réputation.

Conclusion

Si vous hésitez entre un CR-V et un RAV4, je n’ai qu’un conseil pour vous; essayez les deux : un correspondra à votre personnalité. Par contre, si vos visées sont plus larges et comprennent les produits Nissan et Hyundai mentionnés précédemment, considérez l’économie de quelques milliers de dollars qui vous seront certainement utiles ailleurs, à condition de prévoir conserver votre véhicule longtemps. Car, il faut le mentionner et ne pas l’oublier, le CR-V possède une excellente valeur de revente.

Points forts

–        Qualité de finition et de l’assemblage

–        Faible dépréciation

–        Fiabilité légendaire

Points faibles

–        Absence d’un V6

–        Insonorisation déficiente

–        Prix élevé